Quand la Loire débordera Saint-Marceau sera inondé
Conférence de M. Nicolas Camp'huis
19 septembre 2003


Une conférence était organisée ce soir-là par le Comité de Quartier sur le sujet

Elle visait à sensibiliser la population à cette perspective inéluctable
Collection Michel Lelait

21 octobre 1907. L'inondation envahit les quais d'orléans et les quartiers sud.


Depuis 1907, la Loire est restée relativement sage. Pas une seule crue « sérieuse » depuis. « Ce n'est pas normal, fait remarquer Nicolas Camp'huis, responsable de l'équipe pluridisciplinaire du plan « Loire grandeur nature ». Une crue comme celle de 1907, il y a plus d'une probabilité sur deux de la voir dans une vie, en bord de Loire », poursuit celui dont la mission est d'apporter un appui technique à l'élaboration d'une stratégie de réduction des problèmes que poserait une crue de la Loire. Il était le principal intervenant, en compagnie de Michel Lelait, historien local, de la conférence organisée par le comité du quartier Saint-Marceau que préside Noëlle Page. Le quartier Saint-Marceau est le seul d'Orléans qui soit à la merci d'un débordement du fleuve.

Des secteurs plus exposés que d'autres
Or, 1907, c'était il y aura bientôt un siècle. Un siècle, comme centennal. La probabilité d'occurrence d'un des scénarios « catastrophe » semble donc de plus en plus forte, même si elle est constante pour le spécialiste.
L'inondation commencera à gagner Saint-Pryvé-Saint-Mesmin et à courir « le long des anciens cours d'eau qu'on a cachés »,mais dont l'existence ancienne est révélée par les noms de rue: de la Cossonnière, à Saint-Jean-Ie-Blanc; de la Mouillère, à St-Marceau ; le bras des Montées, devant le parc des expositions... « Ce sont des endroits où l'eau arrivera en premier et d'où elle repartira en dernier.»
Patrice Dézallé
« Un risque certain »
Pas de conditionnel dans les propos de l'hydrologue. La Loire sera inévitablement en crue dans un laps de temps plus ou moins proche. « Les habitants doivent réaliser que le risque d'inondation est certain dans ce secteur-ci. C'est important de le savoir car alors on va s'en persuader et être prêt à réagir. Nous avons effectué des enquêtes auprès de personnes qui ont subi des inondations et l' on se rend compte que c'est un vrai traumatisme pour eux. On ne peut pas la prévenir, mais s'en prévenir, comme disent les Anglais. Si l' on s'y prépare, on peut limiter la casse. »
D'où l'intérêt d'une réunion comme celle de ce soir, qui vise à sensibiliser la population à un phénomène pouvant paraître pour certains bien éloigné, bien peu probable, voire peu vraisemblable aujourd'hui. Et pourtant... Or, ce n'est pas pour autant qu'il n'y aura rien à faire. A chacun de s'organiser. Car les principaux accès habituels seront condamnés par les eaux et il est évident que les secours ne pourront pas intervenir partout ni pour tous en même temps.
Patrice Dézallé
Quelles sont les conditions et les seuils à partir desquels l'inondation par une crue de Loire se produira ? A cette question, Nicolas Camp'huis considère qu'il y a deux scénarios prévisibles et un non prévisible.
  • 1- La Loire monte et réussit à rester à l'intérieur des levées sans passer par dessus le déversoir de Jargeau et sans casser les levées. Alors 80% de la surface de Saint-Marceau et les caves seront inondés. Les systèmes électriques, les chaudières ou autres installations se trouvant dans ces caves sont évidemment exposés.


  • 2- A partir d'un certain niveau d'eau, on est sûr que l'eau ne peut plus rester entre les levées. Dès le XIXe siècle on décide d'ouvrir un déversoir dans le but de faire entrer l'eau à un endroit décidé à l'avance, en l'occurrence à Jargeau. Ce qui arrive au pont d'Orléans a la même valeur que le scénario du début. L'eau arrive alors par le Loiret.


  • 3- La levée cède quelque part comme en 1856 et 66 où elle a ouvert des brèches -- d'où la rue de la brèche --. Même si l'ouvrage a été renforcé depuis. Car le renforcement n'a qu'une durée limitée. Il y a plus de probabilité de voir céder une levée qu'une centrale exploser. Ce qu'il se passe après, tout dépend où ça ne casse. Ça peut être méchant.


Repères
  • Les crues les plus importantes datent de 1825, 1846, 1856, 1866, 1872 et 1907.
  • Dans le cas d'une crue, la Loire charrie entre 5.000 et 7.000 m3 d'eau par seconde.
  • La mairie élabore un dossier d'information communal sur les risques majeurs afin de permettre à la population de les connaître.


Ces trois plaquettes distribuées à l'issue de cette conférence sont toujours à votre disposition auprès du Comité de Quartier, sur simple demande.



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